Le silence est d’argent, la parole est d’or

Pour la première fois de son existence, Jean-Pierre Martin (nom modifié) ne savait absolument plus quoi faire. Le grand-père et ancien chef d’entreprise avait vraiment peur que son important patrimoine familial, parcimonieusement économisé, ne parte en fumée. Que s’était-il passé? Les discussions avec ses trois enfants autour de son héritage étaient au point mort. Pire: le climat était devenu tendu et les émotions dominaient. Toute discussion raisonnable devenait impossible.

Comprendre les choix des enfants

Tout avait déjà un peu mal commencé il y a plusieurs années, lorsque son fils aîné avait refusé de reprendre sa PME d’installations sanitaires. Mais ce successeur tout désigné avait préféré étudier l’histoire de l’art et était devenu directeur adjoint d’un musée à l’étranger. Et les deux autres enfants n’avaient montré aucune envie non plus de prendre le relais.

Les choses s’étaient encore péjorées avec une première tentative de reprise de la PME par ses cadres. Et c’était allé de mal en pis puisque, au final, Jean-Pierre Martin n’avait eu d’autre choix que de vendre sa PME à un concurrent. «C’est toujours un vrai crève-coeur pour un patron d’entreprise de ne pas trouver une solution pour transmettre sereinement l’oeuvre de sa vie», souligne Patrick Bourloud, responsable de la gestion de fortune chez UBS Romandie.

Par chance, ces différents épisodes n’avaient pas entamé la solide fortune familiale. Seulement voilà: la situation avait encore empiré depuis que son fils aîné et sa fille se disputaient sa belle collection de tableaux qui devait trouver un nouveau lieu d’accrochage après la vente de sa société. Cerise sur le gâteau, ses trois enfants se liguaient désormais contre lui et lui reprochaient de laisser ses avoirs sur un compte d’épargne au lieu de les placer de façon rentable.

La solution capote tout près du but

Pourtant, la famille Martin était passée tout proche d’une solution agréée par tous. «Les biens immobiliers de la famille avaient été répartis via des donations aux enfants et des liquidités suffisantes avaient été mises de côté pour couvrir les besoins financiers de M. Martin et de sa femme jusqu’à la fin de leur vie. Pour régler les choses, les époux avaient conclu un pacte successoral. Ils disposaient en sus de l’usufruit à vie de leur villa», résume Dominique Cazeaux, planificateur patrimonial chez UBS.

Les affaires s’étaient compliquées lors d’une deuxième étape de la planification: il fallait définir le concept de placement pour couvrir les besoins en liquidités du couple pour les prochaines années, en structurant les avoirs en différents pots d’investissement et en incluant une réserve financière. Ce matelas de sécurité devait aussi servir, à terme, à compenser la valeur de la collection d’art que la fille et le fils aîné allaient se partager en avance d’hoirie.

Le plan a pris un peu l’eau car il avait été convenu que les choix de placement concernant ce troisième pot devraient être effectués en concertation avec les héritiers. Mais, au gré d’intérêts divergents, le couple et ses trois enfants n’avaient jusqu’à présent pas réussi à se mettre d’accord.

Respecter les soucis des parents

«L’ancienne génération place souvent son argent comme si la fin du monde était proche. ‘Notre fortune ne va pas suffire’ est une crainte fréquemment exprimée. Même si elle est compréhensible, cette réticence face à tout risque péjore énormément les espérances de rendement. Surtout dans l’environnement actuel de taux bas», note Patrick Bourloud.

Sans compter qu’avec des investissements dans des obligations à long terme, le retour attendu d’une inflation plus élevée entraînerait ipso facto une érosion du patrimoine. «Il n’est jamais simple de parvenir à un accord unanime dans une famille. Surtout quand l’enjeu financier se double de tensions émotionnelles, générées chez les Martin par la transmission avortée de l’entreprise familiale», fait remarquer Dominique Cazeaux.

Quelle a été la solution? «Pour réussir à transmettre son patrimoine dans les meilleures conditions, il est souvent bienvenu d’établir des passerelles avec la génération suivante, voire avec celle d’après», explique Dominique Cazeaux. Dans le cas de la famille Martin, la solution est venue des petits-enfants. Face au blocage de leurs aînés, ils se sont impliqués et ont réussi à convaincre leur grandpère d’investir à long terme dans des actions de la robotique et de l’e-commerce.

Les petits-enfants ont été la clé du succès

«Les petits-enfants ont très vite saisi l’importance d’avoir différents buts et horizons de placement ainsi que des réserves financières tactiques. Avec notre appui, ils ont su démontrer à leur grand-père qu’avec une stratégie axée sur le long terme, une pondération plus forte en actions permettait d’assurer les rendements nécessaires à la préservation du patrimoine familial sur la durée», indique Patrick Bourloud.

Comme les intérêts bas et l’inflation potentielle menacent les avoirs placés en obligations ou sur compte d’épargne, les investissements dans des actifs réels (actions ou immobilier) atténuent ce risque de perte de valeur.

La dernière leçon de l’exemple des Martin: «Régler les questions d’héritage de son vivant est la meilleure solution, car les tensions qui n’auront pas été résolues avant ne pourront que s’exacerber après le décès», indique Dominique Cazeaux. Chez les Martin, les échanges réguliers entre les membres de la famille, la confiance créée entre les générations, mais aussi le lâcher-prise de l’ancien patron ont contribué à la préservation de l’entente familiale et à la transmission du patrimoine aux générations suivantes.

Check-list

Des mesures ciblées peuvent réduire, voire éradiquer les tensions lors de la transmission d’un patrimoine entre générations:

  • si l’on veut préserver un patrimoine sur le long terme, il convient d’élaborer un concept d’investissement intergénérationnel;
  • la solution prévue devrait être rediscutée périodiquement et ajustée si nécessaire;
  • il peut être judicieux de soutenir les parents en incluant la génération suivante au travers de procurations combinées à des accès via e-banking et/ou mobile banking;
  • il vaut enfin la peine de prévoir un «mandat pour cause d’inaptitude». Cela permet aux familles d’anticiper une incapacité de discernement. Concrètement: prendre des dispositions pour l’assistance personnelle et la gestion des biens, mais aussi mettre en place les modalités juridiques de représentation.

UBS Family Banking

Pour traiter la question sensible de la succession, UBS Family Banking privilégie deux aspects principaux:

Partager équitablement le patrimoine familial

  • Développement d’une compréhension commune des besoins et désirs propres, tout en tenant compte de la génération suivante.
  • Préparation de la planification financière et vue d’ensemble de la valeur du patrimoine.
  • Elaboration et révision régulière de la solution de succession.

Transmettre, de génération en génération, le patrimoine familial

  • Développement d’un concept d’investissement propre.
  • Discussion et choix d’une stratégie de placement.
  • Inclusion de la génération suivante dans le processus d’investissement.

Cet article a été rédigé par NZZ Content Solutions pour le compte d'UBS.