C'est à soixante-six ans que l’investissement commence
La bonne stratégie de placement reste un thème important lors du passage à la retraite. (Illustration: Alexander Glandien)

La vie change constamment et avec elle, les placements d’argent correspondants. Cela vaut tout particulièrement après la retraite, pendant laquelle la stratégie de placement doit correspondre à la nouvelle situation de vie. La population suisse est de plus en plus vieillissante. L’espérance de vie croissante est une bonne chose. Sur le plan économique, elle place cependant les retraités devant de nouveaux défis puisque les rentes et les économies doivent être suffisantes pour beaucoup plus longtemps qu’auparavant. Aujourd’hui, les hommes suisses vivent encore en moyenne 22 ans après avoir pris leur retraite; les femmes suisses jusqu’à 24 ans. En comparaison: la génération née en 1900 avait une espérance de vie moyenne de 15 ans après la retraite – leur bas de laine devait suffire pour bien moins longtemps.

Combler les lacunes . . .

Afin que les rentiers actuels puissent vraiment profiter des années offertes par une espérance de vie croissante, ils doivent élaborer un bon plan de placement pour leurs vieux jours. Car une mauvaise planification devient tôt ou tard une charge financière pour les descendants. Le plus important, à la retraite, est d’établir un aperçu réaliste de la situation financière personnelle et du niveau de vie que l’on souhaite mener. C’est pourquoi les retraités doivent déterminer - dans un premier temps - si leurs revenus de l’AVS, de la caisse de pension, du troisième pilier ou d’autres sources (par exemple, des revenus locatifs de biens qu’ils possèdent mais qu’ils n’utilisent pas) suffisent à couvrir leurs dépenses courantes. Pour estimer les frais courants, un aperçu des années précédant la retraite peut aider: à combien s’élevaient les dépenses annuelles entre 60 et 65 ans? Les spécialistes mettent en garde contre le postulat amplement répandu selon lequel les dépenses baissent nettement à la retraite. On maintient généralement le même niveau de vie et les dépenses restent en principe constantes.

«Le plus important, à la retraite, est d’établir un aperçu réaliste de la situation financière personnelle et du niveau de vie que l’on souhaite mener.»

Si une lacune existe entre les revenus et les dépenses, elle doit être compensée par la consommation d’une partie du patrimoine épargné. C’est pourquoi il est important, dans un premier temps, d’évaluer et de calculer combien de patrimoine doit être réservé pour pouvoir financer le manque annuel pendant environ dix ans. La partie du patrimoine réservée à cette consommation contrôlée doit être traitée séparément dans la stratégie de placement. Puisque cette part du patrimoine est destinée à la consommation courante, aucun risque ne devrait être pris avec elle. De plus, il devrait être investi dans des formes de placement très liquides afin de pouvoir y accéder à tout moment. Qu’aucun super rendement ne puisse être généré avec des placements très sûrs et très liquides est évident et ne devrait déranger personne. Il ne s’agit pas, avec cette part du patrimoine, d’optimiser les rendements du placement mais de garantir une partie des frais courants.

. . . et les couvrir

La somme, qui est nécessaire au cours des deux premières années qui suivent la retraite, peut être conservée sur un simple compte courant. La part, qui sera d’abord utilisée dans les années suivantes, peut inversement être investie dans des obligations de caisse, des dépôts à terme ou des fonds de marché monétaire. Ils se distinguent tous par une liquidité élevée et un faible risque. Pour le dernier versement de la part du patrimoine, les obligations ou les fonds d’obligation se prêtent aussi à une solvabilité élevée. Il convient de noter que la durée des emprunts correspond à l’horizon prévisionnel de l’investisseur; les obligations sont notamment conservées jusqu’à échéance et les fluctuations de cours pendant la durée ne sont pas pertinentes. Par conséquent, lors de l’investissement en obligations, la période devrait être choisie de sorte que le remboursement tombe pile au moment où la consommation a lieu.

Les retraités peuvent ainsi investir le reste du patrimoine qui n’a pas été prévu pour la consommation pendant la première année de la retraite.

Placer ce qui reste

Pour cette part de placement, il est préférable de la gérer comme elle devrait l’être selon l’âge et la situation de vie: tout d’abord, le profil de risque de l’investisseur, qui tient compte de sa capacité de risque et de sa tolérance au risque, est défini. Pour déterminer la première, les retraités doivent savoir à combien d’argent ils peuvent temporairement ou complètement renoncer sans connaître de difficultés financières. La tolérance au risque est un sujet personnel et se détermine par la dimension émotionnelle liée au risque. De potentielles pertes vous promettent-elles de longues nuits d’insomnie? À quel point ruminez-vous les pertes subies? Le profil de risque défini de cette façon détermine ensuite la stratégie de placement, ce qui signifie la répartition de l’actif immobilisé sur les classes d’actifs, les actions, les obligations et les espèces. Les personnes qui ne peuvent ̶ et ne souhaitent ̶ assumer qu’un risque minime, choisissent une très faible part d’actions, les personnes davantage disposées au risque, et aimant en prendre, en choisissent une plus grande part. Les horizons de placement sont très importants en matière de positions en actions. Les tout nouveaux retraités doivent ainsi savoir qu’en investissant une partie de leur patrimoine en actions ou en fonds d’action, ils ne pourront pas disposer de cet argent pendant plusieurs années (dix ou plus). Une alternative valable au fonds de placement: les fonds indiciels cotés ou ETF. Il s’agit de fonds gérés passivement qui représentent un index d’actions, par exemple, le Swiss-Market-Index. Dans le cas de placements individuels, une diversification suffisante est essentielle: le nombre d’actions devrait être réparti sur 10 à 15 actions différentes.

En toute tranquillité

Les retraités ne devraient probablement pas prendre de risques trop élevés avec leurs placements. Par conséquent, les formes de placement vraiment spéculatives de même que les produits à effet de levier complexes sont pour la plupart à éviter. L’objectif principal des placements d’argent à la retraite est de remplacer dans le temps la partie «consommation» par la partie «investissement». Et reconstituer en partie l’argent qui a été investi au cours des dix premières années après la retraite pour couvrir les lacunes entre les revenus et les dépenses. Les retraités pourront ainsi encore profiter de la vie pendant leurs vieux jours et dormir paisiblement sur leurs deux oreilles!

Avec l'aimable autorisation du Neue Zürcher Zeitung. Traduit par UBS Switzerland Marketing Translation Services.