La retraite amène avec elle son lot de défis, comme l’a vécu Heinrich Lohse, alias Loriot, dans la comédie «Pappa ante Portas»: «Excuse-moi, il s’agit de ma première retraite. Je suis en plein apprentissage», dit Lohse, fraîchement retraité, à sa femme excédée. Malheureusement, le temps d’apprendre est limité quand il s’agit de sécurité financière à la retraite. Ce n’est qu’en planifiant à temps et de manière approfondie qu’on s’assure une retraite sans préoccupation financière.

État des lieux à 55 ans

Vous devriez dresser un bilan au plus tard à l’âge de 55 ans. Cela implique aussi l’établissement d’un budget. Des revenus fixes à partir de rentes, d’investissements en papiers-valeurs, d’immobilier ou d’une activité accessoire sont comparés aux dépenses. Si une différence apparaît, elle doit être couverte par imputation du patrimoine. Plus la différence est petite, plus les retraités pourront sortir de liquidités de la caisse de pension.

Pour déterminer leur budget à la retraite, les investisseurs doivent prévoir le même niveau de dépenses qu’à leur période d’activité – telle est la règle d’or qu’applique Damian Gliott, co- fondateur de VermögensPartner, cabinet de gestion de fortune. La pratique lui a démontré que ce procédé est sensé. Si une partie des frais disparaît avec la retraite, l’expérience montre que cette diminution est compensée par des dépenses plus élevées ailleurs. Les retraités ont par exemple plus de temps pour les voyages. Si la charge fiscale décroît après la retraite, ces économies sont habituellement contrebalancées par d’autres dépenses.

Pour des vieux jours tranquilles
Ma maison, mon bateau, ma retraite sans souci. (Illustration: Alexander Glandien)

Pour déterminer le budget, il convient de s’aider des trois dernières déclarations fiscales pour se faire une idée approximative. Qu’est-ce qui a pu être économisé au cours des dernières années? Telle est la question que chacun devrait se poser. Admettons que le revenu annuel s’élève à 100 000 CHF, par exemple, et que 20 000 CHF ont pu être économisés chaque année. Alors les dépenses annuelles devraient être estimées à 80 000 CHF. On pense souvent à tort qu’après la retraite, on aura besoin de moins, explique Damian Gliott.

La gestion des propriétés existantes est à considérer attentivement pour la sécurité financière à la retraite. De nombreux propriétaires fonciers souhaitent rester aussi longtemps que possible dans leur propre logement. D’autres se décident à vendre leur maison à 75 ans et à acheter ou à louer un logement adapté. Ces deux stratégies ont leurs avantages et leurs inconvénients. Ce qui est primordial, c’est de tenir compte de ces réflexions dans la planification financière. Si la vente de biens immobiliers apporte des liquidités supplémentaires, celles-ci doivent être réinvesties. Dans le même temps, les dépenses fixes peuvent augmenter avec les frais de location d’un logement.

Revenus des trois piliers

Sur le plan des revenus, il existe entre autres les rentes des trois piliers de la prévoyance. Des versements peuvent être effectués sur un compte du troisième pilier jusqu’au dernier moment avant la retraite. Pour des raisons fiscales, il est conseillé de retirer progressivement les économies du troisième pilier. Étant donné qu’un compte du pilier 3a doit toujours être clôturé complètement, un échelonnement ne peut être réalisé qu'en possédant plusieurs de
ces comptes.

Quand l’âge de la retraite se profile à l’horizon, les rachats volontaires dans la caisse de pension deviennent une stratégie adaptée pour augmenter la rente vieillesse et faire des économies d’impôts par la même occasion. Il convient d’effectuer les rachats environ dix ans avant la retraite pour ne pas avoir à attendre trop longtemps son argent. Les versements devraient être échelonnés afin d’optimiser les économies d’impôts. Le montant maximal peut être déduit jusqu’à trois ans avant la retraite. Ensuite, les spécialistes de la prévoyance déconseillent tout rachat volontaire supplémentaire, car l’administration fiscale pourrait alors réclamer les impôts économisés.

«Excuse-moi, il s’agit de ma première retraite. Je suis en plein apprentissage.»

Heinrich Lohse, alias Loriot (dans la comédie «Pappa ante Portas»)

Les investisseurs qui ont souscrit une assurance-vie ne devraient pas obligatoirement la résilier. D’une part, les frais pour les commissions ont déjà été engagés et ne seront pas remboursés. D’autre part, le réinvestissement quand l’assurance a été conclue dans un environnement de taux élevés devient un problème. Toutefois, compte tenu des faibles taux d'intérêt, il n'est actuellement pas conseillé de souscrire de nouvelles polices  d'assurance vie.

En plus du revenu des rentes, de nombreux retraités perçoivent des versements d’intérêts et de dividendes de portefeuilles de placements ainsi que des revenus locatifs. Concernant ce dernier point, vous ne devriez investir dans un tel portefeuille qu’à condition de disposer de suffisamment d’actifs. Les revenus de loyers comme source principale sont très risqués, prévient Damian Gliott. Les taux de vacance ou les ajustements fiscaux peuvent gâcher vos projets. Les biens immobiliers peuvent compléter les placements en actions et les obligations dans un portefeuille mixte: vous disposez ainsi d’une bonne protection contre l’inflation. Les investisseurs devraient cependant se rappeler que la forte demande des dernières années a pour résultat des évaluations très élevées.

La situation est différente pour les logements occupés par les propriétaires. En plus d’une valeur émotionnelle, s’ajoute la sécurité qu’ils représentent pour la retraite. Lors de la planification financière pour la retraite, les hypothèques doivent toujours être prises en compte par le propriétaire foncier. Les propriétaires devraient toujours compter sur un taux à long terme de 5% et vérifier que la charge soit alors encore supportable.

De nombreux rentiers se demandent comment l’amortissement d’une hypothèque doit être géré. Les experts considèrent peu souhaitable un amortissement proche de zéro. D’une part, la charge est relativement faible compte tenu de faibles taux. D’autre part, il est généralement avisé de toujours conserver une réserve de liquidités. Dans le pire descas, le bien immobilier doit être vendu lors de difficultés financières. À la retraite, contracter une autre hypothèque ou augmenter celle déjà existante n’est pas aussi facile que ne se l’imagine le propriétaire. Les banques évaluent de nouveau la situation des revenus après la retraite. Les conditions pour une augmentation de l’hypothèque sont en règle générale moins intéressantes pour les retraités que pour les actifs.

Garantie pour le partenaire

La protection financière pour la retraite concerne également les partenaires. Est-ce
que le conjoint ou le concubin est suffisamment protégé en cas de décès? Pour les couples non mariés, la question est de savoir si le partenaire survivant peut payer les impôts dus en cas d’héritage. La situation est plus clémente pour les couples non mariés au cours de la vie car ils remplissent deux déclarations fiscales et peuvent ainsi faire baisser la progression fiscale. En outre, ils reçoivent chacun une pension AVS complète. Les impôts dus en cas d’héritage constituent toutefois le revers de la médaille.

Lors de l’établissement du budget pour leur retraite, les seniors ne pourront pas échapper à la détermination d’un horizon de planification. L’espérance de vie moyenne pour l’année correspondante est le minimum. Les experts conseillent d’ajouter au moins trois à quatre ans pour éviter toute lacune. Bien qu’émotionnellement chargé, ce thème ne doit pas être tabou lorsque vous l’aborderez avec votre gestionnaire de fortune. Il en va de même pour le risque de démence. Avec un mandat pour cause d’inaptitude, assurez-vous que le partenaire ou tout autre proche puissent régler les questions financières en cas de démence.

Avec l'aimable autorisation du Neue Zürcher Zeitung. Traduit par UBS Switzerland Marketing Translation Services.