Quotidien Efficacité énergétique: quand remplacer son chauffage?

L’utilisation des énergies renouvelables est déjà la norme depuis quelques années dans les nouvelles constructions. Dans plus de 90% des maisons individuelles et immeubles locatifs neufs, le chauffage et l’eau chaude sont issus des énergies renouvelables. Les pompes à chaleur avec sondes géothermiques sont particulièrement répandues. Les bâtiments plus anciens ont, en revanche, grandement besoin d’être rénovés.

«À l’heure actuelle en Suisse, 60% des maisons individuelles et 70% des immeubles locatifs sont encore chauffés aux énergies fossiles», constate Maciej Skoczek, économiste et analyste à l’UBS CIO (Chief Investment Office) Real Estate.

Et ce pour diverses raisons: les nouveaux systèmes s’intègrent bien mieux et pour bien moins cher aux nouvelles constructions. Dans le cas d’anciennes constructions, les caractéristiques du bâtiment sont plus souvent problématiques et restreignent les possibilités. Ou bien le ou la propriétaire n’a pas planifié à long terme et manque de capital. Il ou elle trouve le montant de l’investissement de base dissuasif pour changer d’énergie et se demande: est-ce qu’un assainissement durable est rentable?

Pour répondre à cette question, l’équipe CIO a établi des modèles de calcul détaillés qui montrent à quel moment il est rentable de remplacer une chaudière au fioul ou à gaz par une pompe à chaleur avec sonde géothermique. Plusieurs scénarios sont imaginés concernant l’état du bâtiment et l’allocation de subventions publiques.

À titre indicatif, le remplacement d’une ancienne chaudière au fioul par une neuve coûte environ 20 000 francs dans une maison individuelle. Celui d’une chaudière à gaz est un peu moins cher. «Par contre, pour passer aux énergies renouvelables avec une pompe à chaleur et une sonde géothermique, il faut compter entre 35 000 et 45 000 francs», explique Maciej Skoczek. Les coûts dépendent de la situation et de la qualité du terrain.

L’investissement n’est rentable que si les coûts d’installation peuvent être amortis par des coûts d’utilisation réduits pendant la durée de vie attendue. L’utilisation d’une pompe à chaleur est nettement moins coûteuse que celle d’une chaudière au fioul ou à gaz. Si la maison est bien isolée et les réglages de l’installation optimisés, l’électricité et le fonctionnement coûtent au maximum quelques centaines de francs par an. Les pompes à chaleur avec sonde géothermique (ou les pompes à chaleur air-eau) ne demandent, en outre, que très peu d’entretien et de réparations.

Les économistes UBS arrivent ici à des conclusions claires: le remplacement d’une chaudière au fioul déjà vieille est rentabilisé, dans presque tous les cas, sur 10-15 ans. Il est particulièrement rentable lorsque l’actuelle chaudière au fioul a déjà atteint la fin de sa durée de vie sur le plan technique et que le bâtiment consomme une grande quantité d’énergie pour le chauffage à cause d’une mauvaise isolation. Si les taxes sur le CO₂ émis par les énergies fossiles devaient encore augmenter à moyen terme, le passage aux énergies renouvelables serait rentabilisé en moins de dix ans.

Si le propriétaire d’une maison obtenait une subvention de 10 000 francs, cela réduirait d’autant plus la durée d’amortissement. Dans le cas de figure le moins cher, lorsque la chaudière existante arrive en fin de vie, la durée d’amortissement est estimée à cinq ans seulement.

Les chaudières à gaz se prêtent à une grande variété d’utilisations. Dans les immeubles résidentiels dotés d’une bonne isolation thermique, les coûts d’utilisation d’une chaudière à gaz sont relativement faibles. «La balance ne penche alors pas forcément en faveur de la pompe à chaleur», concluent les économistes UBS. Le bilan est plus positif lorsque le remplacement de l’installation s’impose et que le bâtiment est mal isolé. Et, dans ce cas-là aussi, si les propriétaires bénéficient d’une subvention publique, l’investissement sera d’autant plus vite rentabilisé.

Les investissements dans un chauffage aux énergies renouvelables sont entièrement déductibles des impôts dans tous les cantons. Si vous manquez de liquidités pour réaliser un assainissement durable, nous vous conseillons d’étudier les possibilités d’augmenter votre hypothèque. C’est également judicieux sur le plan économique: les économies réalisées sur l’utilisation du bien immobilier sont, dans la plupart des cas, plus conséquentes que les coûts supplémentaires liés aux intérêts hypothécaires.

Les secteurs de l’énergie, de l’immobilier et de l’investissement sont actuellement en plein bouleversement. Une tendance se dessine déjà: l’efficacité énergétique et le système de chauffage influent sur la possibilité de revendre les biens immobiliers. Les bâtiments déjà équipés pour faire des économies d’énergie et répondant aux normes énergétiques auront une meilleure valeur marchande que les biens immobiliers qui n’ont pas encore été assainis. On se demande également si, dans quelques années, le bilan énergétique n’influencera pas l’évaluation du risque et les conditions dans le domaine hypothécaire.

Les systèmes de chauffage aux énergies fossiles entraînent des coûts d’utilisation inutilement élevés. Les immeubles résidentiels bien isolés, dotés d’une chaudière à gaz, sont en soi relativement économes en énergie. Grâce aux subventions et avantages fiscaux, l’installation d’une pompe à chaleur est cependant rentable dans de nombreux cas. Ceux qui installent ou modernisent encore des systèmes fonctionnant aux énergies fossiles risquent de ne pas pouvoir les utiliser sur toute leur durée de vie.