Comment planifier raisonnablement le «processus de désépargne» à la retraite
À la retraite, c’est avec le système que l’on profite au mieux du patrimoine acquis. (Illustration: Alexander Glandien)

Il existe différentes possibilités de prévoir financièrement la retraite ou le temps suivant la vie professionnelle. La plus simple et aussi la plus traditionnelle est de ne pas dépenser immédiatement tous ses revenus sans compter pendant la vie professionnelle et de ne pas s’endetter jusqu’au cou, mais d’épargner. Qui a régulièrement mis de côté, et s’est même éventuellement constitué un petit pécule de manière habile, dispose non seulement d’un solide matelas financier en cas d’extrême nécessité mais peut aussi en vivre plus tard ou au moins améliorer un peu les rentes alors prévues.

Mettre de côté pour plus de tranquillité

Cela est plus urgent que jamais pour deux raisons essentielles. Premièrement, la population mondiale va considérablement vieillir dans les prochaines années. Ainsi, dans les systèmes dits de répartition, des cotisants de moins en moins jeunes sont confrontés à toujours plus de personnes âgées, qui après leur retraite ont droit de retirer régulièrement de la «caisse commune» un montant correspondant à leurs prestations antérieures. Deuxièmement, les gouvernements et les banques centrales ont fait en sorte au cours des années passées avec leur «politique radicale de sauvetage des pays et des banques» que le stock de capital, créé dans plusieurs pays pour répondre aux demandes correspondantes, ne rapporte que très peu sur les marchés financiers ou alors seulement en acceptant d’énormes risques. En réalité, les placements à taux fixes ne rapportent quasiment plus rien aujourd’hui et les prix d’autres actifs ont augmenté de nombreuses fois à un niveau relativement «nocif». Si l’on se fie à différents calculs, une crise des retraites menace bientôt de nombreux pays occidentaux, car beaucoup d’états, d’entreprises et de particuliers n’ont pas assez épargné pour être en mesure de satisfaire les attentes des futurs retraités. Cela peut entraîner une certaine nervosité chez les uns ou les autres. Comme la fourmi, quiconque a su faire des réserves au cours d’une vie relativement confortable peut alors vivre de ses économies quand vient «l’hiver biographique», autrement dit la retraite. Bien entendu, cela suppose d’abord de retrouver ses réserves et ensuite qu’elles soient encore en bon état, c’est-à-dire exploitables. Si tout est bien planifié, cela devrait être le cas.

Planifier la «désépargne»

Enfin, après un parcours professionnel plutôt bien rempli, les rentes des caisses de pension et de l’AVS garantissent dans un premier temps et jusqu’à un certain niveau des revenus continus jusqu’à la fin de la vie. Si ces derniers ne suffisaient pas à trouver le bon équilibre entre les souhaits existants en matière de commodités et les dépenses qui y sont liées, le patrimoine disponible doit être restructuré le plus adroitement possible. Les experts conseillent de traiter ce thème relativement tôt afin de répartir au mieux le «processus de désépargne». Enfin, la liquidité devrait toujours être garantie.

Dans ce contexte, la première chose à faire est de définir différents paramètres:

  • Quelle est la taille du patrimoine disponible?
  • Un changement extraordinaire est-il attendu dans un avenir proche?
  • Quel besoin financier est prévisible et quand commence-t-il?
  • Quelle réserve financière doit toujours être disponible en cas de nécessité?
  • Quels sont les rendements qui peuvent être obtenus sur les marchés de capitaux avec des investissements raisonnables?
  • Quel est le moment idéal ou quelle est l'espérance de vie prévue?
  • Quelle fortune résiduelle devrait être laissée à la fin du processus pour ne pas prendre de risque ou pour léguer quelque chose à ses héritiers?

Il s’agit d’une vaste et complexe entreprise. De facto, les effets fiscaux doivent être pris en compte. Une certaine retenue s’impose lors de l’estimation des rendements attendus, compte tenu des bouleversements spectaculaires survenus sur les marchés financiers et de biens capitaux, et même la planification de vie personnelle exige une certaine clairvoyance. Enfin, lorsque l’on planifie une grosse dépense, telle qu’un tour du monde, il faudrait estimer combien il pourrait coûter, afin de savoir si l’on souhaite vendre un bien immobilier existant , à quel moment et quel prix réaliste on pourrait obtenir – ou s’il ne serait pas mieux, au lieu de «consommer» ce capital, de l’optimiser en contractant une dette hypothécaire.

Décider des besoins

Il s’agit de questions difficiles. Au final, il ne s’agit pas d’une science exacte. L’estimation de l’espérance de vie pour une personne est à elle seule quasi-impossible. Contrairement aux compagnies d’assurance qui s’appuient sur la loi des grands nombres avec des statistiques et des tables de mortalité en cas de problèmes correspondants, les individus s’appuient sur des déductions issues de leurs propres expériences au sein de leur famille ou de leur état de santé. Pour cette raison, les contrats dits de rentes viagères entrent souvent en jeu. Toutefois, nombre de spécialistes déconseillent de vendre les actifs ou de percevoir un avoir de caisse de pension pour avoir droit à une pension complémentaire à vie contre le paiement unique d'une somme plus importante. À vrai dire, les conditions sont souvent peu avantageuses.

Enfin, il ne restera plus qu’à investir individuellement le patrimoine acquis et même de le consommer individuellement. En pratique, il faut différencier:

  • Les besoins à court-terme:
    Cela comprend les besoins financiers des premières années directement après la retraite. Elles sont couvertes au mieux par des formes de placement sûres et très liquides à la fois. En période de faibles rendements, les coûts d’opportunité ne sont toutefois pas très élevés.
  • Les besoins à moyen terme:
    Cela comprend les besoins financiers qui devraient survenir environ dix ans après la retraite. Cela permet de prendre des risques légèrement plus élevés sur les marchés financiers. Sous des conditions normales, ceux-ci sont au moins compensés par des rendements plus élevés.
  • Besoins à long terme:
    Cela comprend tous les besoins financiers qui surviennent tôt ou tard. Cela conduit à l'idée de renforcer les risques avec cette partie des actifs sur les marchés afin d’obtenir encore plus.

Dans ce contexte, non seulement les besoins financiers réels sont déterminants, mais les conditions du marché jouent aussi un rôle. Dans certaines circonstances, les bénéfices de cours doivent être réalisés à des moments favorables, même si l'argent est utilisé beaucoup plus tard. Cela évite d'avoir à vendre des actifs dans une phase très défavorable juste pour prévenir un manque soudain de liquidités. Plus facile à dire qu’à faire, mais après la retraite, il reste peu de temps pour s’occuper de telles questions.

Avec l'aimable autorisation du Neue Zürcher Zeitung. Traduit par UBS Switzerland Marketing Translation Services.