Crédits documentaires: exporter en sécurité
Le crédit documentaire permet à la fois aux exportateurs et aux importateurs de transférer à la banque les risques liés au financement des transactions à l’étranger. Il est conseillé de contacter la banque au plus tôt pendant les négociations. Photo: Patrick Hari

Entre partenaires commerciaux, la confiance joue un rôle fondamental. Mais quand un exportateur trouve un nouveau client à l’étranger dont il ne sait rien ou quand il exporte vers un pays politiquement ou économiquement instable, la confiance ne va pas toujours de soi. Rares sont les entrepreneurs à souhaiter prendre de tels risques. C’est là que le crédit documentaire peut apaiser les craintes.

Les crédits documentaires sont des outils de traitement et de sécurisation qui fournissent des garanties tant à l’import qu’à l’export. Ils donnent à l’exportateur la certitude qu’il sera payé après envoi de la marchandise sur simple présentation de documents conformes. De son côté, l’importateur sait que son compte ne sera débité que lorsque l’exportateur remettra les documents conformes exigés, justifiant ainsi de l’exécution du contrat. Si l’importateur souhaite bénéficier d’un délai de paiement plus long, le crédit documentaire permettra à l’exportateur d’y donner une réponse favorable sans avoir à attendre son argent: il sera tout de même payé une fois que la livraison aura été effectuée.

Markus Baur

«Un crédit documentaire peut être un argument décisif.»

Markus Baur dirige le département Trade & Export Finance d’UBS depuis février 2016.

Quel crédit documentaire?

Compte tenu de l’environnement économique actuel où l’exportateur suisse subit une concurrence féroce en raison du franc fort et du niveau des taux d’intérêt extrêmement bas en Suisse, l’allongement des délais de paiement peut jouer un rôle considérable dans le cadre des négociations.

Le crédit documentaire peut revêtir plusieurs formes, mais le principe reste le même. Il s’agit d’un outil de transfert de risque où les risques encourus par l’exportateur et l’importateur sont couverts par les banques.

Ainsi, dans le cas d’un crédit documentaire confirmé, la banque de l’importateur et celle de l’exportateur assument l’obligation de paiement. Il peut être utilisé dans le cas suivant: un exportateur est en négociations avec un acheteur potentiel en Turquie. Compte tenu des incertitudes politiques du pays, l’exportateur souhaite disposer d’une sécurité de paiement. L’importateur turc contacte alors sa banque. Si sa solvabilité est bonne, la banque endosse alors son obligation de paiement en ouvrant un crédit documentaire qu’elle enverra à l’exportateur via UBS.

Sécurité à la carte

UBS examine la solvabilité de la banque turque, le risque lié au pays et l’ensemble du crédit documentaire. Si le résultat est concluant, UBS confirme le crédit documentaire et assume également l’obligation de paiement à la condition que l’exportateur fournisse les documents requis, tels que la facture, la liste de colisage et les documents de transport, prouvant ainsi qu’il a bel et bien expédié la marchandise. Suite à cela, UBS se charge de verser la somme à l’exportateur et de transmettre les documents pour paiement à la banque turque.

Les crédits documentaires confirmés sont utilisés le plus souvent pour les pays dont la situation politique et économique est instable. Quand l’entreprise exporte vers un pays stable, mais à un acheteur qu’il ne connaît pas encore, il lui suffit en général d’obtenir un crédit documentaire non confirmé, par lequel seule la banque de l’importateur s’engage à payer.

Optimiser les liquidités

Mais l’intérêt du crédit documentaire va bien au-delà. Il peut en effet être utilisé pour octroyer des délais de paiement plus longs à l’acheteur sans avoir soi-même à attendre l’argent. Si un acheteur en Inde ne souhaite payer la facture que six mois après envoi de la marchandise, cela peut compliquer la situation financière de l’exportateur.

Un crédit documentaire confirmé à paiement différé est une solution envisageable. L’exportateur reçoit alors l’argent d’UBS dès la livraison et après présentation des documents requis. La banque en Inde ne vire le montant que six mois plus tard. Dans ce cas, UBS endosse le risque lié au pays et à la contrepartie. Ainsi, l’exportateur n’est pas obligé de prendre un crédit pour faire face au paiement différé.

Prévoir à temps

Pour faire appel à un crédit documentaire, l’exportateur se doit de contacter UBS le plus tôt possible en amont des négociations. UBS pourra ainsi examiner avec précision la banque de l’importateur et structurer la transaction avec les outils adéquats. Il est souvent conseillé à l’exportateur de demander une ébauche de crédit documentaire à l’importateur afin d’en discuter avec les experts d’UBS.

Un crédit documentaire pour toutes les occasions

Gage de sécurité à l’exportation, le crédit documentaire existe sous plusieurs formes. Voici les principales:

  • Non confirmé. Seule la banque émettrice (de l’acheteur) assume une obligation de paiement.
  • Confirmé. La banque du vendeur assume elle aussi une obligation de paiement et couvre le risque de ducroire ainsi que le risque politique.
  • À vue. Le paiement intervient immédiatement après la présentation des documents correspondants.
  • À paiement différé. Le paiement intervient à une date d’échéance définie.
  • Transférable. Le crédit documentaire est transférable tout ou en partie. Au total, trois banques et trois contreparties sont donc impliquées.

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