Forts ensemble

Christian Huber, 50 ans, est plutôt du genre discret. Et quand on le connaît, on sait qu’il préfère ça. Il aime rester dans l’ombre ou, mieux, à l’arrière-plan. C’est là qu’il agit de manière plutôt adroite. Cet agent fiduciaire habitant Trogen, en Appenzell Rhodes-Extérieures, est un homme de coulisse. Une dizaine d’entreprises lui appartiennent et l’éventail n’en saurait être plus bigarré. D’un garage à une fiduciaire en passant par un magasin d’alimentation et deux hôtels, il y a de tout. Il dirige en personne la plupart des entreprises mais se voit comme élément d’une équipe plus que comme patron. Cela dit, en dernier ressort, il prend la décision qui s’impose pour lui mais qui résulte en général de l’ensemble de la situation.

Les chiffres ne sont qu’un des éléments du succès. Il en faut d’autres pour assurer un succès durable.

«Une coopération sincère et la confiance en son propre savoir-faire sont la base d’une entreprise qui marche», dit-il pour détailler sa philosophie. C’est pourquoi les chiffres des ventes ne sont pas le critère essentiel pour dire si une entreprise marche ou non. «Les chiffres sont bien sûr un élément du succès, mais un seul. Ils résultent du fait que d’autres éléments fonctionnent», dit-il dans un rire rafraîchissant. C’est exactement ainsi qu’il aborde tous les défis qui se posent. Avec Keller Spiegelschränke, à Roggwil (TG), la tâche n’en manquait certes pas. Appelé comme responsable des finances et directeur externe, il a racheté la SA deux ans plus tard à son propriétaire. «Ce n’était pas la première entreprise que je rachetais, mais à coup sûr la plus grande et la plus chère. Je n’étais pas en mesure de financer entièrement le rachat de Keller Spiegelschränke avec mon capital propre. En général, c’est ce que je fais.»

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Démarche bien organisée

Il discuta à fond de ses plans avec sa conseillère bancaire, avec qui il est en étroit contact depuis bien des années. Monika Lenz, d’UBS, se souvient de leur conversation: «Vu l’ancienneté de notre collaboration, il y avait une base de confiance. Nous connaissions les attentes réciproques en termes de financement: quelles sont les informations indispensables, à combien doivent se situer les fonds propres, quelles garanties faut-il?» Sur une telle base, un concept de financement fondé sur du capital propre et un prêt bancaire a été élaboré. Christian Huber apporta environ 40% du prix d’achat, un montant élevé qui se compte en millions. Pour ce qui manquait, après un examen attentif, UBS accorda un crédit avec les conditions d’usage. «L’affaire a été accompagnée par le Transaction Advisory», relate Monika Lenz. «Ce département a structuré la transaction, obtenu l’autorisation du Credit Officer et finalement encadré l’achat. Quant à moi, je fonctionnais comme lien entre Christian Huber et nos départements.»

Christian Huber a officiellement repris le sceptre de Keller Spiegelschränke le 1er juillet 2015. À l’époque, l’entreprise vivait des moments plutôt difficiles. Le marché était tendu, les ventes décevantes. Pourtant, le nouveau propriétaire y croyait. Tellement qu’il a pris des risques jusque sur le plan privé. Pour fournir le capital propre, il a dû hypothéquer des immeubles et apporter beaucoup de garanties. Sa famille était avec lui. «Mon épouse me fait pleinement confiance et soutient mes décisions, dit-il, c’est l’une des raisons les plus importantes, sinon décisives, pour lesquelles je crois tant en mon entreprise.» En plus, grâce au mix d’activités de ses diverses sociétés, il peut compenser les fluctuations de la conjoncture: «Parfois ça marche bien dans une branche, parfois dans une autre. Cela contribue à maintenir un revenu stable.»

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Dans le cas de Keller Spiegelschränke, sa foi mais également la confiance d’UBS se sont avérées payantes. Les deux premières années après la reprise ne furent pas simples, mais des changements furent opérés, qui ont entraîné une hausse du chiffre d’affaires et amélioré l’ambiance dans l’entreprise.

Le tournant est intervenu début 2017. Avec l’armoire «Illuminato» éclairée sur tout le pourtour, Christian Huber lançait un produit qui allait faire un tabac. À sa première présence en foire après plus de dix ans, on vit à quel point la clientèle était conquise. Le bon climat de travail se révéla également un élément crucial. «Nous voulons que les collaborateurs aient leur mot à dire, qu’ils proposent et formulent leurs critiques.»

En parallèle, la production a été organisée de façon plus efficace et des machines ont été acquises, qui permettent un travail plus rationnel. Les armoires produites en alu disposent aux angles d’un système d’emboitage grâce auquel on peut largement se passer de vis. D’autres départements tels que la menuiserie ont été abandonnés afin de se concentrer sur la production d’armoires de toilette.

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Situation de départ parfaite

«Nous envisageons l’avenir avec confiance», dit Christian Huber pour conclure. «Certes, le marché est et reste un défi et l’achat des matières premières demeure un facteur de coût gênant. La raréfaction de l’aluminium engendre des prix d’acquisition de 20 à 30% plus élevés.» Mais l’entrepreneur est persuadé que la patience et la confiance en son savoir-faire s’avéreront payantes à l’avenir. UBS, le puissant partenaire à son côté, y contribue aussi.

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