(Shutterstock)

Les membres du Federal Open Market Committee (FOMC) ont voté à l’unanimité pour un maintien des taux dans la fourchette de 5,25% à 5,5%. Au cours de la conférence de presse qui a suivi la réunion du FOMC, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a souligné que l’inflation «restait élevée» même si elle avait «nettement reflué» et que de «nouveaux progrès» vers la cible des 2% «n’étaient pas assurés». Mercredi, le S&P 500 a cédé 0,3% et le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans a perdu 5 points de base (pb) à 4,63%.


Avec cette décision, largement attendue, la Fed opte pour la sixième fois consécutive pour le statu quo depuis le début du cycle de hausse en mars 2022, lequel s’est soldé par un relèvement des taux de 525 pb. Le FOMC a également annoncé une diminution du rythme de resserrement quantitatif avec, à partir du 1er juin, un nouveau plafond mensuel de 25 milliards de dollars pour la réduction des bons du Trésor américain détenus par la Fed dans son bilan, contre 60 milliards de dollars par mois jusqu’à fin mai. La réduction des titres adossés à des hypothèques (mortgage-backed securities – MBS) que détient la Fed se poursuivra à un rythme maximum de 35 milliards de dollars par mois.


Bien que Jerome Powell ait souligné la trajectoire incertaine de l’inflation, notre scénario de référence reste celui d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, avec un ralentissement de la croissance et de l’inflation et un début de baisse des taux de la Fed en septembre. Aussi recommandons-nous de miser sur la qualité, tant pour les obligations que pour les actions.


Les réductions de taux sont reportées, mais pas annulées. Jusqu’à présent, l’inflation reste supérieure aux projections du FOMC pour 2024 tout en se rapprochant de la cible de long terme de 2%. Le FOMC n’étant pas, au vu des dernières données, encore suffisamment confiant quant à la capacité des taux actuels à ramener durablement l’inflation vers les 2%, le président de la Fed a précisé qu’il faudra davantage de temps avant que des baisses de taux ne soient envisagées. Mais, bien que considérant l’économie comme solide, M. Powell a noté qu’il était «peu probable que le prochain mouvement sur les taux soit une hausse». Avant la «période de silence» qui leur est imposée avant toute réunion du FOMC, les responsables de la Fed avaient adopté un ton plus restrictif, répétant que les baisses de taux n’étaient certainement pas pour tout de suite. Après la clôture du marché américain des actions mercredi, les futures sur les fonds fédéraux ont ajusté leurs anticipations de réduction des taux pour 2024, les portant à 34 pb (contre 28 pb le jour d’avant), avec une première baisse attendue en septembre.


La politique monétaire est restrictive et l’économie ralentit. Le marché du travail est plus équilibré que ces dernières années, de nombreux indicateurs flirtant avec leurs niveaux d’avant la pandémie. Le rapport JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey) de mars reflète ainsi une diminution de la demande de main d’œuvre aux États-Unis, avec moins de créations d’emplois et d’embauches. Le taux de démission est, quant à lui, revenu à 2,1%, un taux inférieur à celui qui prévalait avant la pandémie. Et on compte actuellement 1,3 poste vacant par demandeur d’emploi, soit le niveau le plus faible depuis 2021. Avec l’amélioration de l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché du travail, les consommateurs devraient faire une pause après une longue période de fortes dépenses, ce qui devrait contribuer à freiner l’inflation et la croissance économique en 2024.


La Fed ne prévoit pas de stagflation. Plusieurs indicateurs vont dans le sens d’un ralentissement de l’économie. Ainsi en est-il de la croissance du PIB, qui s’est limitée à 1,6% au premier trimestre, ou encore de l’indice ISM du secteur manufacturier (un indicateur clé du moral des entreprises américaines) publié mercredi, qui reflète un essoufflement de l’activité manufacturière. Pour autant, la Fed considère que l’économie est solide. Bien plus, au cours de sa conférence de presse, le président de la Fed, Jerome Powell, a écarté toute stagflation dans la mesure où la croissance du PIB du premier trimestre hors stocks et exportations nettes ressort à 3,1%, l’inflation est inférieure à 3% et le taux de chômage est à moins de 4%. Une situation de stagflation suppose en effet un ralentissement de l’économie, mais avec des pressions inflationnistes à la hausse et une progression du chômage.


Nous maintenons donc notre scénario de référence basé sur deux réductions, de 25 pb chacune, des taux de la Fed en 2024, avec une première baisse probablement en septembre. Les conditions économiques actuelles nous semblent cohérentes avec un atterrissage en douceur cette année, même si le chemin pourrait parfois être cahoteux, comme on a pu le voir en avril. Ce scénario paraissant de plus en plus probable au regard des indicateurs économiques, nous anticipons un redressement des marchés à revenu fixe et tablons sur un recul du rendement des bons du Trésor américain à 10 ans à 3,85% en fin d’année, contre 4,63% actuellement. Côté actions, nous prévoyons encore une légère augmentation au niveau de l’indice, avec un S&P 500 à 5200 en fin d’année. Ces prévisions nous confortent dans notre préférence pour le revenu fixe et les actions de qualité, et notre recherche d’opportunités au niveau des actions, tant au sein qu’en dehors du secteur technologique.