Les outils traditionnels pour tirer parti des marchés sans tendance ne marchent pas forcément pour les actions américaines en raison de la faible volatilité estimée. (Getty Images)
Dans le cadre de notre stratégie mondiale, nous avons une opinion négative («least preferred») sur les actions américaines. La hausse de 19% du S&P 500 depuis le début de l’année s’explique par la résilience inattendue de l’économie américaine, le rebond des profits sur 12 mois qui ont atteint un record historique et l’enthousiasme suscité par l’IA.
Le marché devrait rester sans tendance à l’avenir car la croissance américaine ralentit sous l’effet du refroidissement du marché de l’emploi, de la baisse de l’excédent d’épargne des ménages et de la reprise des remboursements des prêts étudiant. Nous maintenons notre prévision de 4500 et 4700 points respectivement pour le S&P 500 pour décembre 2023 et juin 2024, soit une progression allant de 0 à 5% par rapport aux niveaux du 6 septembre.
Mais les stratégies structurées conventionnelles qui sont utilisées par les investisseurs pour exploiter la stagnation des marchés pourraient s’avérer actuellement moins efficaces pour les actions américaines, en raison de la faible volatilité des indices boursiers américains. L’indice VIX se situait à 13,9 points au 6 septembre, contre une moyenne de 25,5 en 2022 et une moyenne de long terme de 18,5. Si le VIX devrait continuer d’augmenter pour atteindre entre 15 et 19 vers la fin de l’année, les investisseurs vont devoir recourir à d’autres stratégies de gestion de la volatilité pour générer du rendement, préserver leurs gains et se protéger contre des baisses du marché.
Troquer les grands gagnants de l’année contre des placements qui permettent de préserver le capital. La faible volatilité implicite et réalisée diminue la valeur des options et permet aux investisseurs de mettre en place des stratégies structurées permettant de préserver le capital à moindre coût. Ces instruments investissent dans des options call sur un indice d’actions ou un seul titre et des obligations zéro coupon. La hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse du prix de marché de l’obligation par rapport à sa valeur faciale, ce qui permet d’acheter plus d’options call avec le reste du capital investi. Les taux d’intérêt ne devraient pas rester éternellement à ce niveau, mais les prix actuels des options permettent aux investisseurs des marchés actions américains qui envisagent ces stratégies de profiter de la participation à la hausse la plus élevée depuis 2007. Cette stratégie nous semble particulièrement porteuse pour investir dans des titres de croissance et dans les actions américaines qui ont le plus progressé cette année, notamment celles dont les cours pourraient encore augmenter, mais contre la baisse desquelles les investisseurs souhaiteraient aussi se protéger compte tenu des valorisations élevées et de l’incertitude quant au prix d’exécution. Certains titres de l’IA et des technologies en sont de parfaits exemples.
Ne pas se cantonner à l’indice pour vendre la volatilité d’un seul titre. L’écart entre la volatilité implicite moyenne des actions américaines et celle de l’indice américain (S&P 500) s’est creusé en 2023. Si le prix des options sur les principaux indices d’actions est bien plus faible par rapport aux pics atteints l’an dernier, la volatilité d’un seul titre doit encore revenir à la normale. Preuve en est la baisse constante de la corrélation implicite entre les actions qui composent l’indice S&P 500. Les investisseurs ont donc tout intérêt à exploiter la stagnation des marchés pour se focaliser sur des structures générant des rendements qui vendent des risques de baisse des prix sur les actions possédant des fondamentaux solides, mais dont la volatilité implicite reste élevée. Les investisseurs peuvent également envisager d’opter pour une structure qui englobe le «pire» panier de titres individuels afin de tirer parti de la corrélation anormalement faible entre les actions du S&P 500.
Les investisseurs qui anticipent une baisse des cours des actions américaines peuvent opter pour une protection à plus longue échéance. Les structures qui utilisent plusieurs options put pour se protéger contre les baisses des marchés actions américains, connues sous le nom de «put spreads», n’ont été plus abordables que 6% des fois depuis 2001, en raison du bon comportement de la volatilité implicite, des taux d’intérêt américains élevés et d’un écart de prix plus important que de coutume entre les options put pour différents niveaux de l’indice avec la même date d’expiration (à savoir, un biais baissier plus important). Les investisseurs peuvent opter pour cette technique pour limiter certaines pertes en cas de baisse des marchés actions américains. Pour réduire le risque d’une hausse continue des actions américaines minorant la valeur de la position, les investisseurs qui souhaitent et peuvent prendre un risque lié aux options peuvent opter pour des structures dites «knock-out». Celles-ci peuvent réduire le coût de la protection en contrepartie d’une clôture automatique («knocking-out») si l’indice S&P 500 dépasse certains niveaux prédéfinis.
Les stratégies d’options comportent des risques particuliers que les investisseurs doivent être prêts et en mesure de prendre. Cela comprend une duration fixe, la perte potentielle de la prime payée ou une perte significative si le marché évolue dans la direction opposée à la position du vendeur de l’option. Si les investissements en options nécessitent généralement moins de capital (et peuvent donner lieu à des pertes moins importantes) par rapport à une position équivalente sur l’actif sous-jacent, ce n’est pas le cas en revanche lorsque les options sont utilisées pour obtenir un effet de levier.
Remerciements à Luca Henzen (Chief Investment Office d’UBS) pour sa contribution.