Prix du Brent, évolution mensuelle, en % Source: Refinitiv Eikon, UBS, au 31 juillet 2023

Le prix du Brent a augmenté de 2,3% du jour au lendemain, atteignant 85 dollars le baril et gommant les pertes subies plus tôt dans la semaine. Le prix du pétrole flirte ainsi avec des sommets inédits depuis la mi-avril. Cette augmentation s’ajoute à celle de 14% de juillet, qui marque la plus forte progression mensuelle des prix du pétrole depuis janvier 2022.


La toute dernière hausse fait suite à l’annonce, jeudi, par l’Arabie saoudite et la Russie de la prolongation de la réduction de leur production de pétrole. L’Arabie saoudite a fait part de son intention de poursuivre sa stratégie de réduction unilatérale de l’offre d’un million de barils par jour (mbpj) jusqu’en septembre, ajoutant que les coupes pourraient être prolongées et renforcées si les circonstances l’exigent. La Russie devrait également continuer à réduire ses exportations le mois prochain (0,3 mbpj), mais à un rythme moins soutenu qu’en août (0,5 mbpj). De leur côté, les États-Unis ont subi une baisse record du niveau de leurs stocks de pétrole, les réserves commerciales hebdomadaires ayant chuté de plus de 17 millions de barils.


Outre l’actualité récente, les prix du pétrole sont, depuis le début du mois de juillet, poussés à la hausse par un certain nombre de facteurs à la fois techniques et fondamentaux. Sur le plan technique, le prix du Brent se situe au-delà de sa moyenne mobile sur 200 jours, et les traders jouant le momentum sont passés de positions vendeuses à des positions acheteuses, couvrant les positions vendeuses importantes sur les futures et les options. Au niveau des fondamentaux, les coupes volontaires de production de l’OPEP+ et les interruptions imprévues de la production alors que la demande flambe au cours des mois d’été dans l’hémisphère nord dopent également les prix du pétrole.


Au regard des facteurs qui devraient soutenir les prix du brut dans les prochains mois, nous restons positifs sur le pétrole, dont le prix devrait, salon nos estimations, atteindre 90 dollars le baril d’ici à fin 2023 dans un contexte de déséquilibre entre l’offre et la demande.


Au niveau de la demande, les perspectives restent positives. La demande de pétrole devrait se maintenir au-delà des 102 millions de barils par jour en juillet, et atteindre, pour la première fois, les 103 mbpj en août, tirée par l’Asie émergente (essentiellement la Chine et l’Inde) ainsi que par le Brésil et le Moyen-Orient. La forte demande de ces régions et pays devrait permettre de compenser la faiblesse de la demande des économies avancées.


L’offre devrait rester sous pression. La production des pays de l’OPEP+ a touché un plus bas sur l’année en juin. La production a également été nettement plus faible en juillet, sous l’effet des nouvelles réductions volontaires de la part de l’Arabie saoudite et des interruptions temporaires de la production au Mexique, au Kazakhstan et au Nigeria.


Les exportations de brut de l’OPEP+ ont, quant à elles, atteint un plus bas sur 22 mois en juillet, avec une diminution de plus de 0,9 mbpj sur les 30 premiers jours du mois par rapport à juin. Selon Petro-Logistics, les exportations des alliés de l’OPEP+ se sont également inscrites en baisse, de plus de 0,6 mbpj sur les 21 premiers jours de juillet par rapport à juin, du fait essentiellement de la diminution des exportations pétrolières russes. La baisse des exportations commence à affecter les stocks.


Étant donné la prolongation des réductions de production de l’Arabie Saoudite et de la Russie et la baisse des exportations, l’offre devrait rester limitée dans les prochaines semaines. L’incertitude continue par ailleurs de planer concernant la Libye, certaines parties menaçant d’arrêter la production en septembre si leurs demandes ne sont pas satisfaites.


Vers une hausse des prix du pétrole sur fond d’insuffisance de l’offre. Le déséquilibre entre l’offre et la demande de pétrole devrait, selon nous, se traduire par un déficit de l’ordre de 2 mbpj en juillet et août, contre quelque 0,7 mbpj en juin. Par ailleurs, nous avions estimé que si l’Arabie saoudite poursuivait sa stratégie de réduction de la production de 1 mbpj (ce qui s’avère être le cas), le déficit pourrait atteindre plus de 1,5 mbpj en septembre.


Nous restons donc optimistes quant aux prix du pétrole, tablant sur un Brent à 90 dollars le baril à fin 2023. Les investisseurs disposés à prendre des risques peuvent renforcer leur exposition longue par le biais d’indices de première génération ou de contrats de plus longue échéance sur le Brent, ou encore vendre le risque baissier du Brent. Nous sommes également positifs (opinion «most preferred») sur le secteur de l’énergie aux États-Unis.