Monsieur Greber, combien peuvent coûter les soins?

Cela dépend du degré de soins et du lieu de résidence. Pour le degré maximal (12), les coûts mensuels totaux des soins sont de 10 021 francs à Zurich, 9540 francs à Zoug et 7620 francs à Saint-Gall. L’assurance obligatoire des soins et les communes en assument une grande part. Une personne ayant besoin de soins doit payer elle-même à Zurich et à Saint-Gall 648 francs par mois et 324 francs à Zoug.

Ce qui semble financièrement supportable.

Mais il ne s’agit là que des frais de soins. Les frais d’hébergement et de repas sont plus onéreux. Ils atteignent souvent plusieurs milliers de francs par mois. Et le pensionnaire les assume seul. Actuellement, une chambre dans une maison de soins reconnue de la ville de Zoug coûte 4868 francs par mois. Il faut y ajouter les taxes de prise en charge et les frais de soins. Au total, cela représente 6900 francs par mois à payer seul.

Cela entame considérablement l’épargne. Existe-t-il des moyens de protéger le patrimoine familial pour les héritiers?

Vous pouvez anticiper au moyen de provisions régulières en cas de besoin de soins. Si ce capital épargné n’est pas utilisé, il reviendra aux héritiers. Une autre possibilité est l’assurance dépendance.

Mais ce type d’assurance est assez coûteux.

J’ai demandé un devis à un fournisseur important il y a quelques jours : un homme de 65 ans, qui souscrit une assurance dépendance en tant qu’assurance de risque pure, paie 145 francs de prime mensuelle. En cas de dépendance, l’assureur verse une allocation journalière de 200 francs avec un délai d’attente d’un an.

Jusqu’à quel âge ce type de police peut-il être souscrit?

Presque personne ne passe de bilan de santé peu avant l’âge de la retraite. Il existe des produits avec tarif d’entrée par âge, mais ceux-ci sont chers. La police est moins chère si vous vous y prenez assez tôt.

A qui sont versées les prestations complémentaires?

S’il est impossible de financer le coût de vie minimum par les rentes, le revenu et la consommation de patrimoine, on peut faire appel au secteur public. C’est aujourd’hui le cas pour 39 % des résidents de maisons de soins. Les personnes éligibles sont les bénéficiaires AVS ou AI domiciliés en Suisse. Sans passeport suisse ou d’un Etat membre de l’UE, il faut avoir vécu en Suisse pendant au moins dix ans sans interruption pour bénéficier de prestations complémentaires.

Est-il possible de protéger le patrimoine familial par un avancement d’hoirie et toucher plus tôt des prestations complémentaires?

Non, ce qui a été légué comme un avancement d’hoirie ou un don est toujours pris en compte dans le patrimoine de la personne dépendante. Cependant, jusqu’à la demande de prestations complémentaires, 10 000 francs d’avancement d’hoirie ou de don peuvent être déduits annuellement.

Qui a été prévoyant doit payer lui-même son séjour à la maison de retraite. Les autres reçoivent la même prestation gratuitement.

En fait, cela entraîne de manière pernicieuse un fort accroissement des prestations complémentaires. Il revient aux politiques de corriger cela. A Berne, on discute de l’augmentation des obstacles aux prestations complémentaires et aux réductions des prestations. Mais ce serait un programme financé sur le dos de la génération plus âgée.

Avez-vous une meilleure alternative?

L’assurance dépendance individuelle obligatoire proposée par Avenir Suisse: à partir de 55 ans, le capital est économisé afin de payer plus tard les frais de soins et de prise en charge. Si cet argent n’est pas utilisé, il reste dans l’héritage.

Que pensez-vous des interventions visant à limiter le retrait du capital des caisses de pension?

Doit-on mettre sous tutelle toute la population à cause d’un mouton noir? Aucune analyse statistique ou étude scientifique ne fait état de cas où le capital des caisses de pension acquis a été consommé en un court laps de temps et où des prestations complémentaires ont été demandées. Je serais plutôt d’avis à fournir une éducation précoce sur l’utilisation responsable de l’argent et à expliquer notre système de prévoyance. Et cela reviendrait sûrement moins cher à l’Etat.

Prévoir la dépendance

Le séjour moyen en soins de longue durée dure environ deux ans et demi. Pour un coût privé mensuel de 6900 francs (voir l’interview), beaucoup constatent un déficit de financement après déduction de l’AVS et de la rente de la CP. Dans de nombreux cas, le financement de ce montant privé devrait même dépasser la barre des 100 000 francs après deux ans et demi.

Mettez régulièrement de l’argent de côté pour couvrir le coût des soins. Par exemple via des versements mensuels sur un compte de fonds de placement (ubs.com/comptefonds).

Ainsi, vous participez à l’évolution des marchés financiers et profitez d’un potentiel de rendement supérieur à long terme. Avec un dépôt mensuel de 350 francs et un rendement attendu de 2,5 % sur un portefeuille bien équilibré, près de 110 000 francs seront disponibles après 20 ans.